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LA REVUE ALGÉRIENNE DE MÉDECINE ET DE TABACOLOGIE N° 3 MAI 2021 – ISSN 2716-9251

Pr. Rachida AOUAMEUR

Depuis plusieurs centaines d’années, le tabac est consommé par toutes les populations à travers de nombreuses civilisations. Son usage s’est modifié au fil du temps. Autrefois
la plante était utilisée très occasionnellement et traditionnellement pour des cérémonies, tandis qu’actuellement elle est vendue et fumée régulièrement à travers le monde et ce,
malgré son préjudice sur la santé. L’itinéraire d’un fumeur prend naissance habituellement dans l’adolescence, avec les premières bouffées de cigarette. Certaines personnes en
ressentent un dégout, d’autres y trouvent une source de plaisir et d’euphorie et vont alors en consommer régulièrement, entrant à court terme dans le circuit de la dépendance et à
long terme dans celui des maladies chroniques cardiovasculaires pulmonaires et même cancéreuses.
L’épidémie de tabagisme est l’une des plus graves menaces n’ayant jamais pesé sur la santé publique mondiale. 1,337 milliard de personnes ont consommé le tabac en 2018,
selon la troisième édition du rapport mondial de l’OMS sur les tendances de la prévalence du tabagisme 2000-2025.
En Algérie, en 2017, dans une enquête transversale nationale réalisée par le ministère de la santé de la population et de la réforme hospitalière avec l’appui du bureau de l’OMS,
une prévalence de la consommation de tabac à fumer de 16.5% a été retrouvée. Elle est de 32.2% chez les hommes et 0.4% chez les femmes. La quantité moyenne de consommation
journalière de tabac à fumer manufacturé est de 15 cigarettes par jour. 2/3 des fumeurs actuels soit 60% ont déclaré avoir tenté d’arrêter de fumer au cours des 12 derniers
mois précédant. Ceci démontre que la sensation de plaisir procurée par le tabac demeure et la dépendance reste généralement présente. L’usage de tabac fumé demeure
une addiction violente et dangereuse.
Chaque année, en Algérie des millions de patients subissent une anesthésie pour une intervention chirurgicale, pour un accouchement ou plus rarement pour une endoscopie.
Et dans ce contexte nous observons quotidiennement au cours de la consultation d’anesthésie de nombreux patients fumeurs.
Le médecin anesthésiste est un acteur primordial dans l’aide à l’identification des fumeurs, à l’arrêt et au sevrage de cette dépendance. L’intervention chirurgicale constitue ainsi une
occasion idéale au sevrage tabagique, malgré tout le stress qui entoure ce moment privilégié.
Le rôle du médecin anesthésiste est donc multiple d’abord informer le patient fumeur des risques spécifiques qu’il encourt, faire évoluer sa détermination à arrêter et enfin éventuellement
initier le traitement de sa dépendance au tabac. Le tabagisme ne doit pas être négligé car le fumeur encourt un risque spécifique de complications péri-opératoires et on sait
actuellement que le sevrage tabagique devrait faire partie de la chaîne de soins péri-opératoires au même titre que la prise en charge de la douleur ou que la nutrition péri-opératoire.
Différents moyens médicamenteux et des équipes spécialisées sont à disposition pour aboutir à ce but. À cet effet-là, tout médecin anesthésiste doit enseigner aux patients la cessation
de fumer, leur parler de l’impact négatif que la cigarette peut avoir sur le post opératoire en augmentant les risques de complications, surtout pulmonaires. Il doit cependant insister sur
les effets bénéfiques de l’arrêt du tabac qui diminue également les risques de complications pendant l’anesthésie et après la chirurgie.
Une bonne prise en charge du tabagisme doit apporter un bénéfice rapide en terme de diminution des complications générales et du site opératoire en particulier, ce qui constituerait un
gain important en terme de d’économie de santé.
Nous avons entamé la 2ème année de lutte contre la pandémie de coronavirus SARS CoV2, celle-ci ne doit pas être réalisée au détriment des autres problèmes de santé dominants
comme ceux liés au tabagisme. Il ne faut pas oublier que le tabac tue de nombreux patients qui en consomment, il reste une cause majeure d’addiction de maladie et de décès.
Pr. Rachida AOUAMEUR
Cheffe de service Anesthésie Réanimation
EPH Bologhine Ibn Ziri – Alger

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